Négation de la négation


Brouillon de poulet pour l’âne est l’un des blogues que je suis avec le plus de constance et de plaisir. La note ci-dessous est un commentaire que j’ajoute au billet publié hier par son auteure (Missmath).

Chère collègue, Je m’intéresse à la pédagogie de la lecture, et il se trouve que celle-ci a fait l’objet d’un « changement de paradigme » dans la deuxième moitié du 20e siècle. Jusque là, en effet, elle était largement fondée sur les pratiques collectives d’oralisation, sur les exercices de mémoire (récitation) ainsi que sur la restitution écrite avec support visuel (copie) et sans support visuel (dictée). Lentement mais inexorablement, cette tradition a été abandonnée au profit des pratiques individuelles et silencieuses, sans recours à la mémoire, l’accent le plus insistant étant mis, dès le plus jeune âge, sur la production de textes originaux. Ce changement de paradigme n’a jamais correspondu aux goût des enfants ni à la demande des familles. Il a été imposé par certains pédagogues à une majorité d’autres pédagogues qui n’étaient pas tous « traditionalistes » mais qui ne voyaient pas, pour autant, en quoi il était utile et encore moins urgent de se couper de la tradition. Je n’aime pas plus que vous l’expression « changement de paradigme » et encore moins la rupture prétentieuse [je voulais dire « arrogante »] qu’elle désigne dans la réalité des pratiques enseignantes. Mais le « changement de paradigme » ayant eu lieu, hélas, il me semble inévitable qu’un autre « changement de paradigme » soit proposé pour en revenir enfin à une saine tradition. Processus dialectique que ma jeunesse hegelianiste (ie marxiste) intitulait « négation de la négation ». C’est ce que je me suis résolu à faire dans la présentation que vous trouverez ICI.

Publié par cjacomino

Docteur en sciences du langage. Créateur des Moulins à parles (M@P)

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